« Ensilence » et insécurité sur les rives du lac Tanganyika. Une étude approfondie du processus politique au Burundi.
Article académiqueAurore Vermylen & Julien MoriceauPublié par le journal Conjonctures de l’Afrique centrale
Après que Pierre Nkurunziza ait brigué un troisième mandat en mai 2015, alors que l'accord d'Arusha en prévoyait deux au maximum, le Burundi s'est retrouvé au cœur d'une nouvelle crise politique et militaire. Après des semaines de manifestations violentes et un coup d'État, le président sortant a été réélu et le pays s'est embourbé dans la violence. Cet article est une étude « par le bas ». Il propose une analyse de ce processus politique burundais a priori impossible à comprendre. Les auteurs expliquent pourquoi l'action politique burundaise et les actes de violence au quotidien sont si difficiles à analyser en se concentrant sur une notion : « l'ensilencement » et essayent de comprendre les différentes logiques d'intention des acteurs.
Ils mettent en lumière les contours d'une forme invisible de silence et observent un phénomène où le pouvoir est certes autoritaire, mais aussi défaillant et donc non omnipotent, laissant place dans ses interstices à une réappropriation par les populations des excès autoritaires. Ils mettent donc en exergue un « Souverain Moderne » (Tonda : 2005) sous la forme de relations violentes entre individus, d'une culture d'ensilage par les pairs, de paranoïa, etc. La lecture de la logique de l'oppression ici à travers une logique " top-down " n'est pas fructueuse, la surveillance se fait par les pairs et dans les interstices et que la menace vient au contraire le plus souvent des relations (les plus proches) de soi